La beauté noire
Écrouées au creux de cet abime plus noir que l’ébène, maintes personnes se sont vues soumises à l’âpre cherté de vivre. Quelquefois contrainte à avaler la glèbe pour survivre, la gent d’Afrique lutte sans relâche contre l’avilissement de ses droits. La félicité sait toutefois se faire sentir ostensiblement au sein des villages les soirs d’agapes. Faisant fi des dictats dictatoriaux, les grand-mères pince-sans-rire, sous l’arbre à palabres, et leurs bienaimés pêcheurs conchyliologistes se cuitent l’esprit tantôt de ces alcools uvaux, tantôt de ces boukhas tunisiennes ou des tchapalos de sorgo. De temps à autre, les conducteurs des taxis-brousse font irruption dans la fête. Ils chantonnent en français, amputant inconsciemment la langue par des amuïssements sans importance. Au pied de l’Hoggar, aucunes funérailles ne se soldent sans que le macchabée lègue à ses descendants sa plus éminente hoirie : le plaisir de vivre.
— Dictée Éric-Fournier, Maxime Lajoie

Maxime Lajoie, gagnant du concours :