Voici la dictée qui a permis à Marie-Claude Paventi de remporter le concours Compose ta dictée Antidote 2011. Le but du concours était de composer une dictée avec le maximum de pièges variés. (26 pièges)
Le candidat
Le machiavélique orateur, retors, attaqua son discours électoral. Ses joues hâves rougissant d’émotion, sa rhétorique convaincue et son apparente sincérité concoururent à le rendre éminemment sympathique. Du haut de sa chaire, il martela son message d’une voix si puissante que même les plus acharnés de ses détracteurs s’y seraient laissé prendre. À peine remarqua-t-on les subtils effluves de soufre qu’exhalait sa personne, masqués par un capiteux parfum. Son éloquente harangue eut l’heur de plaire aux électeurs tout ouïe qui se précipitèrent aux urnes prêts à marquer son nom d’une croix.
(26 pièges)
machiavélique : adj. (s’accorde avec orateur). Rusé et perfide.
retors : adj. (s’accorde avec orateur). Qui est rusé et tortueux.
attaqua : v. attaquer au passé simple, 3e personne du singulier (sujet : Le machiavélique orateur). Le verbe s’écrit sans accent circonflexe au passé simple, mais en prend un au subjonctif imparfait (il aurait fallu qu’elle attaquât en retour).
hâves : adj. hâve au féminin pluriel (s’accorde avec joues). [Soutenu] Maigre et pâle.
rhétorique : n. f. Art du discours; ensemble des procédés et des techniques permettant de s’exprimer avec éloquence, de convaincre, de persuader.
convaincue : adj. convaincu au féminin singulier (s’accorde avec rhétorique). Qui adhère fermement à une opinion, à une croyance, à une idéologie.
concoururent : v. concourir au passé simple, 3e personne du pluriel (sujet : sa rhétorique convaincue et son apparente sincérité). Constituer les facteurs d’un même effet.
éminemment : adv. D’une manière éminente, à un très haut degré; exceptionnellement, remarquablement. Note : bien que la terminaison de cet adverbe se prononce avec un a [-ament], on l’écrit avec un e : éminemment. Voici un « truc » pour savoir si l’adverbe doit s’écrire avec un a ou avec un e : on regarde la terminaison de l’adjectif correspondant. Ici, l’adjectif correspondant est éminent, qui se termine en –ent; l’adverbe doit donc s’écrire avec un e. À l’inverse, l’adverbe abondamment s’écrit avec un a, puisque l’adjectif correspondant, abondant, se termine en –ant.
sympathique : adj. (s’accorde avec le pronom le, mis pour Le machiavélique orateur). Qui inspire de la sympathie, de l’affection.
chaire : n. f. Tribune ou estrade d’où parle un prédicateur, un professeur. À ne pas confondre avec le nom homophone chair (« partie du corps » ou « viande ») et l’adjectif cher (« dont le prix est élevé » ou « précieux »).
martela : v. marteler au passé simple, 3e personne du singulier (sujet : il). Dire quelque chose d’une voix forte et en détachant chaque syllabe.
voix : n. f. Ensemble des sons produits par les vibrations des cordes vocales chez l’être humain; organe de la parole et du chant. À ne pas confondre avec le nom homophone voie (« chemin, passage, direction »).
laissé: part. passé du verbe laisser au masculin singulier. Quand laissé est suivi d’un infinitif, on l’accorde uniquement si le complément direct de laisser (le pronom s’, mis pour les plus acharnés de ses détracteurs) est placé à gauche et que ce complément direct EST AUSSI le sujet sous-entendu de l’infinitif qui suit (prendre). Ici, les détracteurs ne sont pas ceux qui « prennent », mais bien plutôt ceux qui se font prendre. Le participe passé reste donc invariable. Comparez : Les enfants, on les a laissés courir partout. Le complément direct de laisser (le pronom les, mis pour les enfants) est placé à gauche du participe passé; il est aussi le sujet sous-entendu de courir (ce sont les enfants qui courent) : on accorde donc le participe passé au masculin pluriel, avec enfants. Rectifications de l’orthographe : considérant que le rôle de laisser devant un infinitif est similaire à celui de faire, les rectifications de l’orthographe recommandent que le participe passé de laisser soit désormais toujours invariable dans ce contexte, quelle que soit la position du complément direct, et que ce dernier soit ou non le sujet sous-entendu de l’infinitif qui suit.
remarqua-t-on : v. remarquer au passé simple, 3e personne du singulier (sujet : on). Pour préserver l’harmonie sonore, il arrive que l’on modifie la finale d’un verbe. C’est le cas, notamment, quand le verbe à la 3e personne du singulier du passé simple se termine par une autre lettre que d ou t et qu’il est suivi des pronoms sujets il, elle ou on. Dans ce cas, on ajoute un –t- entre le verbe et le pronom sujet inversé. Attention : ce t est toujours encadré de deux traits d’union.
subtils : adj. subtil au masculin pluriel (s’accorde avec effluves). Qui est difficile à percevoir.
effluves : n. m. effluve au pluriel. Exhalaison provenant de certaines substances, d’une fleur, d’un aliment, du corps d’un être vivant.
soufre : n. m. Élément chimique jaune pâle, inodore, insipide. Note : ce nom s’écrit avec un seul f. À ne pas confondre avec la forme conjuguée souffre, du verbe souffrir, qui en prend deux.
exhalait : v. exhaler à l’imparfait de l’indicatif, 3e personne du singulier (sujet : sa personne). Se répandre dans l’air.
masqués : adj. masqué au masculin pluriel (s’accorde avec effluves). Caché, dissimulé.
capiteux : adj. (s’accorde avec parfum). Qui monte rapidement à la tête et produit une sorte d’ivresse.
harangue : n. f. Discours solennel prononcé devant une assemblée.
eut : v. avoir au passé simple, 3e personne du singulier (sujet : son éloquente harangue). Le verbe s’écrit sans accent circonflexe au passé simple, mais en prend un au subjonctif imparfait (il aurait fallu qu’elle eût plus de temps).
heur : n. m. [Vieux] Chance. À ne pas confondre avec les noms homophones heure (« unité de temps ») et heurt (« choc » ou « désaccord »).
tout ouïe : loc. Très attentif. Cette expression reste toujours invariable. Ouïe : n. f. Sens par lequel sont perçus les sons.
prêts : adj. prêt au masculin pluriel (s’accorde avec électeurs). Qui peut faire qqch. en ayant fait soi-même en sorte de pouvoir le faire. À ne pas confondre avec l’adverbe homophone près (« à proximité »).
croix : n. f. Signe graphique, marque formée de traits croisés. À ne pas confondre avec les formes conjuguées croit et croie, du verbe croire (« considérer comme vrai »), ou encore avec la forme conjuguée croît, du verbe croitre (« grandir »).